Au portail de fer forgé

[Alexandra1]

Lorsque l'on arrivait près de la demeure des tourtereaux, une herse se dressait attenant à un portail de fer forgé. De là un grand barbu faisait le guet.

Halte là ! Qui s'annonce ? criait-il à tout inconnu.

C'était son travail de veiller à accueillir qui pointerait le bout du nez. Montant la garde à même une petite cabane de bois où l'homme pouvait se restaurer quelque peu. En s'asseyant sur un rondin usé, Théophil l'ancien marin aimait bien savourer une tasse de thé bien chaude qu'il aromatisait d'un alcool fort, fort douteux d'ailleurs. De sa charpente encore solide malgré son âge avancé, il arpentait les lieux de sa lanterne lorsque la noirceur tombait. Chaussé de ses hautes bottes, il semblait toujours paré à une quelconque abordage.

Mille sabord ! De mille sabord ! lançait-il de son air grincheux lorsque le rhumatisme s'emparait de ses jointures.

Mais encore, sous est grands airs de courant marin, Théophil faisait preuve d'un sens du dévouement exemplaire pour ce qu'il aimait appeler son équipage. Et gare à vous moussaillons ! Qui s'y frotte s'y pique ! Car à l'instar de son large sourire amical, en moins de deux, il vous ferait astiquer le pont sous les assauts de sa tempête marine colérique.

Méfiez-vous pirates filou qui oseraient désobéir aux ordres de l'Amiral et trépasser cette herse sans autorisation d'embarquement ! Je vous ai à l'oeil ! marmonnait-il entre ses dents, parfois, lorsqu'il faisait le guet tout en exerçant de frénétiques va et vient devant le portail.